Société
Mai 2019
Le 15 mai 2019
Ce jeudi à Zone franche : Pour ou contre l’encadrement des signes religieux?
Ce jeudi à 20 h à Télé-Québec, les animateurs de Zone franche, Isabelle Maréchal et Raed Hammoud, invitent le public à un débat sur un enjeu des plus sensibles au Québec : l’encadrement sur le port des signes religieux.
Manifestations, appels à la désobéissance civile et déclarations controversées; l’opposition au projet de loi 21 sur la laïcité de l’État est vive. Au Québec, le débat sur la laïcité dure depuis plus d’une décennie, soit depuis la crise des accommodements raisonnables. S’en suit la Commission et le dépôt du rapport Bouchard-Taylor, en 2008. Depuis, le gouvernement québécois tente de légiférer. D’abord en 2009 avec le projet de loi 16, puis en 2010 avec la loi 94, en 2013 avec le projet de Charte des valeurs du Parti québécois et en 2015, avec la loi 62. Cette saga laïque donne naissance à des personnages qui ont marqué notre imaginaire. Comment oublier la famille Pineault-Caron ou encore l’ex-conseiller municipal d'Hérouxville et son code de vie? Reste qu’une part importante des Québécois (63 %) estime que la laïcité est souhaitable.
Le projet de loi de la CAQ prévoit notamment l’interdiction du port de signes religieux pour les employés de l’État en position d’autorité et pour les enseignants. Et c’est principalement cette clause qui suscite la controverse. Le sujet interpelle grandement les intervenants sur le plateau de Zone franche. Haroun Bouazzi, co-président de l’Association des musulmans et des arabes pour la laïcité au Québec, croit que la laïcité est une bonne chose puisqu’elle permet de régler des problèmes et qu’elle garantit la neutralité des institutions et des politiques publiques sans désavantager des gens selon leur religion. Par contre, il estime que le projet de loi ne fera que nuire aux femmes musulmanes qui sont compétentes, mais qui se retireront probablement du marché du travail. « Est-ce que vous pensez sérieusement qu’aujourd’hui il y a des extrémistes religieux qui rêvent de voir leur épouse travailler, se mélanger, être juge ou policière? Ils rêvent de la voir à la maison et leur meilleur allié aujourd’hui c’est le projet de loi 21. C’est vous M. Bock-Côté qui voulez les garder à la maison ces femmes-là, qui sont compétentes. » Mathieu Bock-Côté, qui est en accord avec l’encadrement des signes religieux, réplique en disant qu’il est pourtant très simple de retirer un symbole religieux avant d’aller au travail et de le remettre lorsqu’on quitte sa fonction. Pour lui, c’est un compromis minimal. La psychoéducatrice Elsy Fneiche, qui porte le hijab, ne partage pas le même avis : elle croit que personne n’a à juger de l’importance et de la valeur de sa pratique. « Nommons l’éléphant dans la pièce : ce qui dérange actuellement c’est le foulard, point. Arrêtons de dire que c’est la kippa… ce sont les femmes voilées. » Elle affirme que ce n’est que la peur de l’islamophobie qui fait réagir la population ainsi.
De son côté, Leila Lesbet, technicienne en éducation spécialisée et membre de Pour les droits des femmes au Québec, apporte un point de vue important. Elle constate que le cours d’éthique et culture religieuse dans les écoles publiques donne une image uniforme de la femme musulmane. « Aujourd’hui, on a mis dans la tête des enfants qu’être une femme musulmane, c’est être voilée et ça c’est très dommageable pour nous. » Elle affirme qu’elle connaît des femmes musulmanes qui portent le voile uniquement à cause de la pression sociale et par obligation car c’est leurs maris qui l’exigent.
En témoignage, Elsy Fneiche explique pourquoi elle est contre la loi 21 qui exige le retrait de signes religieux. Elle sent qu’on tente de brimer l’identité des femmes musulmanes avec cette loi et que le foulard n’est pas quelque chose qu’on accroche en entrant du travail et qu’on laisse sur le portique. Elle raconte qu’elle a été rejetée dans son milieu de travail parce qu’elle porte le voile. « J’ai une place dans la société québécoise mais des fois, on me la refuse parce que je suis toujours l’étrangère qui porte un foulard… Ça prend quoi au Québec pour que je sois considérée comme une québécoise, pour qu’on arrête de me voir comme une loi? » Selon elle, on ne peut pas demander à un immigrant de se défaire de son identité du jour au lendemain puisqu’il il arrive ici avec un certain bagage et qu’il a parfois besoin d’un processus « de guérison ».
Dans le Point de vue, la psychologue spécialiste en relations interculturelles Rachida Azdouz analyse le débat entre les invités du plateau. Elle constate qu’il y un profond désaccord entre eux parce qu’ils n’ont pas la même définition de certains piliers de la laïcité, soit la neutralité de l’état et de ses agents, l’égalité de tous et toutes devant la loi et la liberté de conscience.
Invités
• Rachida Azdouz, psychologue spécialiste en relations interculturelles
• Daniel Baril, vice-président du mouvement laïque québécois
• Mathieu Bock-Côté, sociologue, auteur et chroniqueur
• Haroun Bouazzi, coprésident de l’Association des musulmans et des arabes pour la laïcité au Québec
• Elsy Fneiche, psychoéducatrice au primaire
• Leila Lesbet, technicienne en éducation spécialisée et membre de Pour les droits des femmes au Québec
• Réjean Parent, chroniqueur au Journal de Montréal et ancien président de la CSQ
• Taran Singh, membre de la communauté Sikhe du Canada
• Stéphanie Tremblay, professeure en sciences des religions à l’UQAM
Sujet à venir
• 23 mai : Faut-il abolir la notion de genre?
• 30 mai : Le privé va-t-il sauver ou achever notre système de santé public?
Zone franche est offerte en baladodiffusion sur telequebec.tv.
Informations de production
Animateurs : Isabelle Maréchal et Raed Hammoud
Musique : KenLo Craqnuques, Caro Dupont
Réalisateur : Raphaël Malo
Productrice au contenu : Marylène Fortier
Productrice déléguée : Jacinthe Carignan
Productrice : Annie Bourbeau
Production : URBANIA – Québec, 2019
À propos de Télé-Québec
Télé-Québec est la chaîne de télévision publique à vocation éducative et culturelle du Québec. Elle propose une programmation unique qui a pour but de cultiver le goût du savoir, de favoriser l’acquisition de connaissances, de susciter la réflexion, de promouvoir la vie artistique et culturelle d’ici ainsi que de refléter les réalités régionales et la diversité du Québec. Outre son siège social établi à Montréal, la Société compte 10 bureaux régionaux. On peut suivre Télé-Québec sur Facebook et Twitter. telequebec.tv
Le lien de l'émission est offert sur demande.
Téléchargez les photos de l'émission : ici.
Source | Télé-Québec
Renseignements et entrevues |Jasmine Goupil | 514-576-6611 | jasmine@jasminegoupil.com
Source : Relations de presse
Retour à la liste des communiqués